Synthèse des risques et des opportunités

Le rapport, publié le 5 décembre par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), a été élaboré en collaboration avec plus de 300 experts. Il combine et complète les résultats de huit études de cas régionales et les résume dans une synthèse à l'échelle de la Suisse des risques et des opportunités découlant du changement climatique aujourd'hui et dans la perspective de l'année 2060.

Le changement climatique présente beaucoup plus de risques que d'opportunités pour la Suisse. De nombreux risques concernent la santé humaine, en raison de la fréquence accrue des vagues de chaleur, de la propagation des maladies et de l'augmentation des risques naturels, mais ils touchent également les points clés de l'économie (voir Infobox).

Plus de risques que d'opportunités
En influençant la fréquence et l'intensité des événements extrêmes tels que les inondations, les glissements de terrain ou les vagues de chaleur, le changement climatique a également des répercussions importantes dans de nombreux autres domaines, notamment dans l'économie. L'augmentation de l'intensité et de la durée des périodes de sécheresse en Suisse et à l'étranger constitue par exemple un risque pour le secteur agricole (baisse des rendements) ou le secteur de la construction (défaillances météorologiques).

Des hivers plus doux et plus courts apportent également des avantages. Les secteurs de l'alimentation et du vin sont les plus susceptibles de bénéficier de l'allongement de la période de végétation. Les mois d'hiver doux nécessitent moins d'énergie fossile, mais, selon les experts de l'OFEV, le tourisme suisse devra probablement compter avec une perte de revenus. En revanche, la saison touristique pourrait se poursuivre au cours d'un bel été.

Néanmoins, pendant les périodes de sécheresse estivale, il faut s'attendre à une baisse de la production d'électricité d'origine hydraulique. Des goulets d'étranglement de l'offre pourraient également se produire sur les voies navigables et dans le transport ferroviaire. En revanche, si la ligne de neige s'élève, la production d'hydroélectricité pourrait augmenter pendant les périodes hivernales.

Risques majeurs pour la biodiversité
Divers effets consécutifs auront un impact négatif sur la biodiversité. L'augmentation de la température et l'accroissement de la sécheresse sont des facteurs de stress qui mettent à mal de nombreux écosystèmes ; les écosystèmes aquatiques et alpins sont particulièrement touchés par cette évolution. La biodiversité, mais aussi les services écosystémiques qui sont importants pour la société, seront exposés à des risques considérables. D'autre part, certaines espèces pourraient bénéficier de la modification des habitats naturels.

Nouveaux défis identifiés
L'étude de l'OFEV doit également servir à développer la stratégie d'adaptation du Conseil fédéral. Ainsi, de nouveaux défis ont été identifiés pour lesquels le processus de réflexion initié doit être approfondi. L'accent est mis ici sur les améliorations que le changement climatique pourrait apporter au niveau local, sur les effets du changement climatique à l'étranger sur la Suisse, ou sur les risques dits "wildcard", tels que les événements qui pourraient atteindre un point de basculement entraînant un changement soudain de l'état du système.

Analyse des risques et des opportunités liés au climat
Les risques et opportunités liés au climat pour la Suisse ont été analysés comme base pour le développement de la stratégie d'adaptation et la préparation d'un éventuel prochain plan d'action. L'analyse suppose le même niveau d'émissions dans les prochaines décennies qu'aujourd'hui. L'analyse fournit une base quantitative et qualitative importante pour une adaptation ciblée (approche du risque).

Dans la première partie de la stratégie d'adaptation, une approche pragmatique a été utilisée pour identifier et évaluer les champs d'action pertinents du point de vue des secteurs. Les résultats sont présentés dans des matrices à neuf champs. L'analyse transsectorielle et intégrale des risques et des opportunités, en revanche, se fonde à la fois sur des calculs de modèles et sur des estimations d'experts.

Méthodologie régionale
Dans la première phase, de 2010 à 2011, une méthode a été développée qui permet d'analyser les risques et les opportunités liés au climat dans tous les secteurs. Les domaines de l'agriculture, de la sylviculture et de la gestion de l'eau, de l'énergie, des infrastructures et des bâtiments, de la santé, du tourisme, de la biodiversité et des espaces ouverts et verts ont été pris en compte.

Dans la deuxième phase, cette méthode a été appliquée dans huit études de cas cantonales : Argovie, Uri, Genève, Bâle-Ville, Grisons, Fribourg, Tessin et Jura. Les résultats de ces études de cas ont été compilés dans une synthèse à l'échelle nationale en 2016 à 2017. Les résultats de l'analyse des risques serviront de base à la révision et au développement de la stratégie d'adaptation et à l'élaboration éventuelle d'un prochain plan d'action.

Ils permettent de fixer des priorités pour les activités d'adaptation de la Confédération et donc de façonner l'adaptation au changement climatique en Suisse de manière ciblée et efficace.

Perturbation des flux commerciaux
La vulnérabilité croissante d'une économie mondialisée aux perturbations peut être illustrée par les événements liés au climat et autres catastrophes. L'OCDE (2014) a recensé plusieurs cas qui illustrent l'ampleur des pénuries d'approvisionnement dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Les inondations survenues dans la région métropolitaine de Bangkok en 2011, par exemple, ont entraîné une pénurie temporaire d'environ 30 % de l'offre mondiale de disques durs pour ordinateurs. Le tsunami qui a frappé la côte est du Japon la même année a affecté les industries mondiales de l'automobile et de l'électronique, car les principaux fabricants de revêtements automobiles et de micropuces ont dû cesser leurs activités pendant de longues périodes.

La Suisse en danger
En Suisse, l'été 2003, chaud et peu pluvieux, reste dans les mémoires. Il a notamment entraîné des restrictions massives de la navigation sur le Rhin : Non seulement les opérations maritimes ont été affectées, mais les capacités de fret ferroviaire le long du Rhin étaient également insuffisantes pour traiter les produits pétroliers, les conteneurs et les métaux livrés aux ports de la mer du Nord. De grandes quantités de céréales ont dû y être stockées temporairement jusqu'à ce que la situation sur le Rhin revienne à la normale (source : BUWAL et al. 2004).