La "Sécurité Suisse" 2017 plus complexe que jamais
Le rapport de situation annuel "Sécurité Suisse" du Service fédéral de renseignement (SRC) a pour but de contribuer à l'orientation de la politique de sécurité. Les défis auxquels sont confrontés les organes politiques tendent à devenir de plus en plus complexes, l'environnement de sécurité est de plus en plus fragmenté et l'environnement stratégique de la Suisse se caractérise également par une charge exceptionnellement élevée pour l'"Europe" provenant de divers points chauds.
Certains points de crise ont été renforcés depuis le rapport "Sécurité Suisse" de l'année dernière par d'autres éléments critiques envers l'Europe : la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE, l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, ou encore le changement constitutionnel en Turquie. Cela aurait pour effet d'"éroder davantage" les problèmes, en les remplaçant par des incertitudes et des impondérables fondamentaux.
L'ordre européen est soumis à une pression extraordinaire, ce qui n'est pas sans conséquences pour l'environnement stratégique de la Suisse. Le conseiller fédéral Guy Parmelin a souligné, lors de la Conférence fédérale sur la sécurité en avril 2017, qu'une attaque armée contre la Suisse était peu probable.
Polarisation politique
"Ce qui est indéniable", lit-on dans le comuniqué correspondant, "ce n'est pas seulement la polarisation sous l'influence des opérations d'information et d'influence transfrontalières, ainsi que la militarisation accrue du continent européen". L'"État islamique" et "Al-Qaïda" s'infiltrent tous deux dans les pays européens.
En Suisse aussi, la menace terroriste provenant de groupes à motivation idéologique et de groupes dissidents reste élevée.
La Turquie est en proie à une grave crise interne et externe. Les troubles en Syrie et en Irak sont perçus comme mettant en danger les intérêts fondamentaux de la sécurité nationale. La tentative de coup d'État de l'été 2016 n'a pas seulement mis fondamentalement en péril la stabilité des institutions turques : la réaction du président et son instrumentalisation efficace d'un nationalisme turc à large assise ont exposé les relations de la Turquie avec l'Europe à de nouvelles tensions.
La détérioration des relations avec l'UE, qui se poursuit depuis plusieurs années, laisse entrevoir la possibilité de dommages permanents. La Turquie est essentielle à l'Europe pour endiguer le flux de réfugiés et la menace terroriste.
La pression migratoire
Depuis avril 2016, c'est-à-dire après la fermeture de la route dite des Balkans et la conclusion de l'accord entre l'UE et la Turquie, le pic de l'année précédente a été rompu dans le mouvement migratoire vers l'Europe, mais la pression reste forte. Le potentiel d'un développement de type crise demeure, et avec lui la possibilité que les aspects sécuritaires de la migration deviennent plus aigus. Alors que la scène d'extrême droite en Suisse n'a pas encore émergé avec la violence à l'encontre des demandeurs d'asile ou des infrastructures et des prestataires de services dans le domaine de l'asile, comme ailleurs en Europe, la scène d'extrême gauche a fait de la migration un de ses thèmes principaux et agit également violemment à cet égard.
"C'est cette question qui risque le plus d'aggraver la situation dans le domaine de l'extrémisme violent, qui a eu tendance à se calmer - le potentiel de violence à cet égard continue d'exister", souligne le dernier rapport de la NDB.
L'espionnage reste un problème
L'espionnage reste un instrument de l'État pour obtenir des informations. L'espionnage a également lieu en Suisse - contre la Suisse ainsi que contre les organisations internationales et les organisations non gouvernementales basées ici. De plus en plus, les activités de sabotage dans le cyberespace attirent l'attention du monde entier. Les États qui disposent de leurs propres capacités cybernétiques offensives les développent intensivement.
Après que les révélations de Snowden ont fourni des informations approfondies sur les capacités cybernétiques des États-Unis et de leurs alliés dans le cadre des États "5-Eyes" (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), les activités de la zone russe en particulier augmentent actuellement en agressivité dans le cyberespace. Les États qui ne disposent pas de moyens offensifs propres s'appuient de plus en plus sur les offres des groupes de pirates informatiques. Les conflits interétatiques se déroulent également de plus en plus souvent dans l'espace virtuel.
Le rapport de situation annuel du Service fédéral de renseignement (FIS) a pour but de contribuer à l'orientation de la politique de sécurité. Ici vous trouverez le rapport complet.