Préoccupations, espoirs et priorités des chefs d'entreprise suisses

PwC Suisse publie les résultats de sa dernière enquête sur les préoccupations, les espoirs et les priorités stratégiques des PDG d'entreprises suisses. En résumé, les chefs d'entreprise sont fondamentalement positifs quant à l'avenir, mais ils fixent de nouvelles priorités en matière de gestion des risques.

"Enquête mondiale annuelle sur les PDG"
© Depositphotos, alphaspirit

Alors que les participants à l'étude suisse interrogés l'année précédente affichaient un pessimisme record à l'égard de la croissance économique mondiale, c'est tout le contraire en 2021 : 67% se montrent optimistes pour les douze prochains mois. Ce chiffre est beaucoup plus élevé que les années précédentes ; en 2020, par exemple, il n'était que de 23%. Cela ressort clairement des dernières "Enquête mondiale annuelle sur les PDG" du cabinet d'audit et de conseil PwC. 

En ce qui concerne le développement de leur propre entreprise, les PDG interrogés sont également positifs : 84% s'attendent à ce que les ventes augmentent au cours des douze prochains mois, tandis que 53% considèrent que les perspectives pour les trois prochaines années sont plutôt positives et 40% très positives. Selon l'étude, 69% des personnes interrogées en Suisse s'attendent également à ce que le nombre d'employés augmente au cours des trois prochaines années. Néanmoins, les craintes concernant l'incertitude entourant la croissance économique restent élevées. 71% des personnes interrogées en Suisse sont concernées, tandis que le chiffre global atteint 83%. En outre, une grande partie (71% en Suisse) souhaite augmenter ses investissements à long terme dans la réalisation d'économies dans le contexte de la crise Covid 19.

Une confiance de base malgré quelques inquiétudes

La confiance des chefs d'entreprise interrogés dans la Suisse en tant que site économique national est élevée par rapport à d'autres pays : ils estiment que la situation générale en matière de menaces est nettement moins grave, même s'ils ont des inquiétudes dans certains domaines. Les principales préoccupations en Suisse sont considérées comme étant les cybermenaces (93%), la surréglementation (81%) et les pandémies et autres crises sanitaires (77%). Le populisme est également perçu comme une menace, davantage en 2021 (66%) que l'année précédente (57%). 

Les plus grandes différences entre l'évaluation suisse et l'évaluation mondiale résident, entre autres, dans les incertitudes politiques et fiscales, l'augmentation des obligations fiscales, les inégalités économiques et l'instabilité sociale. Le chômage (37%) est également beaucoup moins préoccupant pour les personnes interrogées en Suisse que dans le monde (60%). Et un peu moins de la moitié exprime un manque de confiance dans l'économie. Ces résultats suggèrent que la constellation systémique de base de la Suisse offre une sécurité de planification même en période difficile. "La société, l'économie et l'État ne sont pas des entités distinctes, comme l'a également montré la pandémie de Covid 19. Leur interaction est la clé d'une implantation économique réussie, qui se caractérise entre autres par la sécurité juridique, l'esprit d'entreprise, des infrastructures efficaces et des collaborateurs qualifiés", explique Andreas Staubli, CEO de PwC Suisse.

Une transformation accélérée

Le fait que l'innovation figure traditionnellement parmi les priorités des chefs d'entreprise suisses a été accentué par la crise du Covid 19 : 59% estiment qu'ils doivent en faire plus dans ce domaine et 55% souhaiteraient augmenter leurs investissements triennaux dans la R&D et l'innovation de produits à la suite de la pandémie. Dans le même temps, 92% des personnes interrogées en Suisse souhaitent investir dans la transformation numérique au cours de la même période. "Les chefs d'entreprise suisses perçoivent le rythme rapide des changements et l'évolution rapide des technologies qui en résulte comme une occasion d'aborder leur transformation de manière plus ciblée et de gérer avec succès l'impact de la pandémie", a déclaré M. Staubli. À 46%, les décideurs sont nettement moins préoccupés par la vitesse de l'évolution technologique que ce n'est le cas dans le monde entier (68%).

Les cyber-risques en ligne de mire

Les PDG interrogés semblent être conscients que la numérisation touche la quasi-totalité de la chaîne de valeur et qu'elle recèle à la fois des opportunités et des risques qu'il convient d'évaluer avec prudence. Il n'est donc pas surprenant que les décideurs aient redéfini les priorités en matière de gestion des risques stratégiques. En tête de liste, on trouve les cybermenaces (84%) - nettement moins au niveau mondial (59%). Les pandémies arrivent en deuxième position (74%), suivies de la disponibilité des compétences clés (64%) et de la vitesse du changement technologique (63%).

La pandémie, les changements numériques associés et les nombreuses cyberattaques de ces derniers temps ont encore alimenté le problème : 43% des PDG interrogés en Suisse perçoivent les cyberrisques comme une menace potentielle pour leurs perspectives de croissance, contre seulement 26% l'année précédente. L'urgence est également évidente dans le fait que 77% des dirigeants souhaitent augmenter leurs investissements à long terme dans la cybersécurité et la protection des données à la suite de la crise COVID 19. On constate également une forte augmentation des préoccupations liées à la désinformation, passant de 29% l'année précédente à 59% en 2021. Ce résultat peut également indiquer une crainte que les cybercriminels exploitent et déforment des informations qui auront soit un impact sur les performances de l'entreprise, soit entraîneront de mauvaises décisions.  

La disponibilité des compétences est un problème

La question de savoir si les employés ont les compétences nécessaires pour les transformations en cours semble préoccuper les PDG. En Suisse, c'est une préoccupation pour près de deux tiers des décideurs. Sa pertinence est confirmée par le fait que la plupart des dirigeants en Suisse (65%) souhaitent investir davantage dans le développement du leadership et des talents à long terme en raison de la crise du Covid 19. La formation continue est un moyen possible d'y parvenir. D'une part, elle permet de réduire les capacités qui ne sont plus nécessaires et de recycler les employés de manière à ce que les compétences nouvellement acquises soient mieux adaptées aux besoins changeants de l'entreprise. D'autre part, elle est beaucoup plus rentable que le recrutement de nouveaux talents. L'efficacité des coûts revêt également une grande importance pour les personnes interrogées : 71% souhaitent investir davantage dans des initiatives de réduction des coûts à long terme. 

En Suisse, on accorde plus de valeur aux employés hautement qualifiés que dans le reste du monde. 79% des participants suisses à l'étude considèrent que des employés compétents, bien formés et adaptables sont l'une des conditions préalables les plus importantes pour le succès de l'entreprise (contre seulement 61% dans le monde). 79% des chefs d'entreprise suisses considèrent que cette question relève de la responsabilité du gouvernement. La raison en est certainement la forte coopération entre les secteurs privé et public dans le développement et la mise à disposition de talents, comme c'est le cas avec le système dual d'éducation et de formation, par exemple. 

Le développement durable, un sujet à dimension politique et réglementaire

Les questions du changement climatique et de la dégradation de l'environnement ont gagné en pertinence par rapport à l'année précédente (51%) : 62% des participants à l'étude en Suisse s'en préoccupent. Cependant, 45% des personnes interrogées considèrent que la lutte contre le changement climatique et les atteintes à l'environnement est l'affaire du gouvernement, tandis que seul un bon tiers (35%) la considère comme une priorité pour les acteurs économiques eux-mêmes. Cela reflète la nécessité d'un cadre réglementaire clair qui élimine les distorsions de la concurrence. Alors que 30% des PDG interrogés dans le monde entier perçoivent le changement climatique comme une menace pour les perspectives de croissance de leur entreprise, seuls 16% en Suisse partagent ce point de vue. En conséquence, seuls 47% des décideurs suisses ont l'intention d'augmenter leurs investissements à long terme dans des initiatives de développement durable et ESG à la suite de la crise de Covid 19. Au niveau mondial, ce chiffre est à comparer avec 60% des répondants. Cela peut indiquer que les entreprises suisses sont déjà actives dans ce domaine depuis un certain nombre d'années et que, par rapport à d'autres pays, il est moins nécessaire de réaliser des investissements plus importants. En termes de transparence, cependant, les PDG interrogés sont définitivement préoccupés par le fait que les impacts environnementaux devraient être signalés comme un domaine clé de l'impact et de la valeur (38%), seule l'innovation a trois points de pourcentage de plus. 

Pour l'étude "Annual Global CEO Survey: L'enquête auprès des participants à l'étude a eu lieu en janvier 2021. Au total, 5050 PDG de 100 pays du monde entier ont été interrogés, dont 111 en Suisse. En Suisse, toutes les questions ont été posées et répondues par écrit (questionnaire en ligne). Sur les 111 PDG de Suisse, 6 représentent des entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 10 000 millions de francs suisses, 16 représentent des entreprises dont le chiffre d'affaires est compris entre 1 000 millions et 9 999 millions de francs suisses, 51 représentent des entreprises dont le chiffre d'affaires est compris entre 101 millions et 999 millions de francs suisses, et 32 représentent des entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur ou égal à 100 millions de francs suisses. 22% des entreprises suisses sont cotées en bourse, 66% sont privées et 12% représentent le secteur public. 42% des participants à l'étude sont des entreprises familiales suisses dont au moins 32% des actions sont en mains familiales.

Source : PwC

 

(404 visites, 1 visite aujourd'hui)

Plus d'articles sur le sujet